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COP28 : à la veille de la fin du sommet, plongée au cœur de la machine diplomatique française

Dimanche 10 décembre, 19 h 30. La nuit est déjà tombée depuis quelques heures aux Emirats arabes unis, maigre indicateur du temps qui passe lors de cette 28e Conférence des parties sur le climat (COP28) où les négociations s’enchaînent, jour et nuit. « Parfois jusqu’à 4 heures du matin, d’où les cernes », confie une membre de la délégation française. Au premier étage du pavillon de la France, la réunion de coordination, cœur du réacteur diplomatique, débute. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, débriefe ses « bilatérales » du jour. Avec son homologue brésilien, une rencontre « très positive, des propos forts sur l’impératif de tenir le +1,5 °C » de hausse des températures moyennes mondiales depuis le début de l’ère industrielle, comme prévu dans l’accord de Paris sur le climat de 2015. Avec l’émissaire chinois, « constructif » mais toujours rétif à « une proposition sur les fossiles qui hystérise les débats ». Avec la délégation indienne aussi, inquiète pour ses 1,4 milliard d’habitants.
Autour d’elle, une cinquantaine de négociateurs français, ordinateur sous les yeux, casque et micro pour se parler au milieu du bruit de la climatisation. « On ne va pas rester sur les options qui ont été mises sur la table, il faut être créatif, avoir dans notre besace des idées de langage, mélanger les choses, réfléchir au terrain d’atterrissage. On est dans le dur », résume Stéphane Crouzat, ambassadeur pour le climat.
Chaque heure est maintenant comptée avant mardi 12 décembre et la fin de cette COP où l’éternel tabou des énergies fossiles est cette fois-ci au cœur des débats. Tous ont conscience de l’importance du moment : si elle aboutit, cette conférence peut être historique. Si elle échoue, elle peut décrédibiliser durablement le multilatéralisme climatique, incapable de se mettre d’accord dans un pays producteur de pétrole.
Tour à tour, les négociateurs, issus du ministère de la transition énergétique, de l’agriculture, du Quai d’Orsay, de Bercy, font le point sur l’avancée des discussions. Chacune des strates du millefeuille de la diplomatie climatique est disséquée. Le « Global Stocktake », texte crucial où doivent être rehaussées les ambitions des Etats ; le « Global Goal on Adaptation », document sur l’adaptation au changement climatique attendu par les pays du Sud les plus touchés ; le « New Collective Quantified Goal » sur la finance climatique…
« Les pays en développement veulent plus de paragraphes [qui leur sont consacrés], comment est-ce qu’on peut avoir une réduction de cette section tout en leur donnant satisfaction ? », s’interroge un diplomate au sujet de l’adaptation. « Il n’y a pas de position consolidée sur la finance liée à l’adaptation, il y a des positions nationales éparpillées et non consensuelles, c’est un problème », poursuit un autre. Plusieurs membres de la délégation ont appris que les Américains et les Chinois se rencontrent, une information qui circule dans les allées de la COP. Ils n’arrivent pas encore à se mettre d’accord, mais s’ils trouvent une position commune, l’Union européenne (UE) doit proposer une alternative. « Il faut nous aussi qu’on produise du texte », s’inquiète un dernier.
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