Elections européennes : Génération.s dans la tourmente sur fond de divisions

Cela faisait trois mois que les cadres de Génération.s, parti fondé en 2017 par Benoît Hamon, discutaient sur un ton de plus en plus tendu de la stratégie à adopter pour les européennes. Jeudi 22 février, les discussions à huis clos se sont muées en crise ouverte, le bureau exécutif prononçant l’exclusion des deux coordinateurs du mouvement. A l’origine de la crise, deux propositions irréconciliables : certains voulaient rejoindre la liste de La France insoumise (LFI) aux européennes, les autres jugeaient préférable de ne rallier aucune liste de gauche, sans en présenter non plus. Après une énième réunion du bureau exécutif, le 18 février, les deux coordinateurs, Léa Filoche, élue de la majorité municipale à Paris, et Arash Saeidi, conseiller municipal à Angers, ont décidé, face à l’impasse, de consulter les militants pour trancher.
Trois options ont été soumises à consultation dans un processus en ligne, de mercredi à jeudi. D’abord, rejoindre LFI, fort d’« une proposition d’accord (…) permettant aux candidats Génération.s d’exister dans le débat public » et « de [se] renforcer en obtenant au moins un parlementaire européen ». Cette place éligible aurait pu revenir à Arash Saeidi. Ensuite, deuxième option, rejoindre Les Ecologistes, mais en position inéligible. Et enfin, « ne pas [s’]engager dans les élections ». La première option a remporté 59 % des suffrages, soit environ 260 votants sur 450 participants (et environ 1 500 adhérents à jour de cotisation) ; 17,5 % ont voté pour une alliance avec la liste Les Ecologistes, menée par Marie Toussaint ; 16 % ont voté pour ne pas participer à ces élections ; et 7,5 % se sont abstenus. Ces résultats, rendus publics jeudi soir, sur le compte X du mouvement, tenu par les deux coordinateurs, ont été immédiatement salués par LFI. L’eurodéputée Manon Aubry s’est fendue d’un « Merci à Génération.s de s’engager avec nous. Ensemble nous créons la seule dynamique de rassemblement face à Macron/Bardella ».
Quelques heures plus tard, le camp adverse est passé par le compte X des Jeunes Génération.s pour dénoncer l’initiative et annoncer la suspension de M. Saeidi et de Mme Filoche. La veille déjà, le parlement du parti s’était réuni en visioconférence et avait pris la décision d’arrêter le vote – ils n’y sont pas parvenus – et de suspendre ses auteurs de la direction. Pour Sophie Taillé-Polian, l’une des quatre députés (Val-de-Marne) que compte Génération.s au sein du groupe écologiste à l’Assemblée, ce vote est « illégitime et frauduleux », faute d’avoir été soumis d’abord à l’approbation de ce parlement d’une centaine de membres. L’élue, qui juge « délicate » la conclusion d’un accord en tête à tête avec LFI, appelle à ne pas tenir compte de ce « coup de force », assurant de l’organisation prochaine d’un « vote respectueux ».
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